A la découverte de StrainChem, une société spécialisée en chimie organique de synthèse et en chimie thérapeutique

Contexte

STRAINCHEM
JEAN-JACQUES YOUTE
Il y a une constante dans ce livre, qui fait mentir la légende : les fondateurs de start-up ne sont pas forcément les ambitieux chasseurs de fonds présentés dans la presse, mais au contraire des êtres discrets d’une humilité rare. C’est le cas de Jean-Jacques Youte, fondateur de StrainChem, société de recherche contractuelle (CRO) en chimie organique. Avec son CV long comme le bras et une expérience scientifique de haut niveau aux quatre coins de la planète, le jeune chercheur reste modeste face à l’impact international de son innovation… Les peptides – enchaînements d’acides aminés – sont des molécules ayant d’innombrables propriétés. Cancers, maladies métaboliques ou encore maladies du système nerveux central constituent des champs thérapeutiques d’avenir pour les peptides. Traditionnellement, pour préparer ces molécules, les chimistes utilisent une méthode de synthèse à la fois longue, coûteuse et polluante. La technologie SPPLS (Synthèse Peptidique en Phase Liquide StrainChem) offre une vraie rupture, avec une synthèse bien plus rapide, plus économique et surtout plus respectueuse de l’environnement.
« Il ne s’agissait pas de créer pour créer, mais d’être convaincu par ses hypothèses. J’ai eu la conviction que cette hypothèse technologique pouvait marcher, alors que j’étais professeur invité, aux USA ; j’ai ensuite eu l’opportunité de fonder l’entreprise en France – il s’est passé quelques années cependant, je suis rentré de Floride en 2012 – l’incubation a duré jusqu’en 2017. Auparavant, j’avais travaillé en Australie, à Singapour, en Nouvelle Zélande, et j’ai eu la chance de partager beaucoup avec mes deux mentors, les professeurs Pierre Potier et Robert Holton, à l’origine du Taxol, un anti-cancéreux largement utilisé dans le monde. Ils m’ont poussé, encouragé à donner ma part, et surtout pas à les imiter. Je suis un pur scientifique, donc il était pour moi très violent d’affronter des notions de business plan et le monde de l’entreprise. BUSI a vraiment été mon incubateur au sens premier, ma couveuse…
‘‘it’s always impossible until it’s done’’
’’Notre technologie alternative sera la première à pouvoir produire des peptides en masse’’
Quand je me regarde mon projet de départ, c’était un brouillon ! Si je suis là encore, c’est parce que BUSI m’a aidé à le transformer. A ce moment-là aussi, j’ai rencontré Audrey Serre, mon associée – j’ai pris conscience avec elle que les auvergnats n’avaient pas besoin de faire une école de commerce, ils ont ça dans le sang ! Elle est docteur en chimie comme moi, mais à l’aise avec les tableaux financiers, un sens rare de la gestion. Les tâches sont bien réparties entre nous, beaucoup de communication, nous sommes un vrai couple… Nous avons aussi la chance d’être sur le Biopôle Clermont- Limagne, très entourés par des entreprises plus matures, qui nous offrent de bons conseils, et de la bienveillance. Moi je suis plutôt une tête brulée, sans trajectoire définie, ou plan de carrière. C’est vraiment l’amour de la chimie et de la découverte qui m’a guidé. J’ai démarré avec l’idée de créer des antiviraux et des anticancéreux, mais mon entonnoir était trop large : faire de la vraie discovery, et créer la techno simultanément ; avec le temps et la pression financière, j’ai dû me canaliser, me concentrer sur la techno ; aujourd’hui avec deux brevets déposés et un en cours, nous sommes en discussion avec le numéro un mondial.
L’innovation doit être une rupture, sinon, parlons simplement d’amélioration incrémentale. Je parle de technologie pure, bien sûr. Chez StrainChem nous travaillons sur les peptides, des acides aminés qui se lient entre eux – l’insuline et l’aspartame sont les plus connus du grand public… Un peptide, c’est comme un collier de perles dont chaque perle serait un acide aminé – notre innovation concerne la méthode pour les produire. Nous avons trouvé un raccourci, divisant le nombre d’étapes par deux et incluant des éléments recyclables, un plus environnemental. Notre modèle originel était de créer la technologie et de la céder sous licence, mais la perte de valeur aurait été trop importante pour nous ; nous avons choisi le partenariat industriel avec le numéro un mondial, nous allons gagner en autonomie, et nous avons imaginé qu’à terme, notre technologie alternative sera la première à pouvoir produire des peptides en masse.
‘‘Beaucoup de médicaments aujourd’hui ne peuvent être produits parce que les coûts sont énormes ; des gens meurent, les médicaments existent mais ne sont pas diffusables… Ce que nous faisons est unique, inédit. C’était irréel pour moi il y a quelques années à peine, mais nous le faisons. Comme le disait Neslon Mandela, it’s always impossible until it’s done’’

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